Interventions

Frédéric Oudéa : En matière de réglementation bancaire, l’Europe ne doit pas être naïve

Principaux extraits de l’interview de Frédéric Oudéa, Président de la FBF dans Les Echos le 14 septembre 2015. Il détaille les priorités de sa présidence 2015-2016.

Vous venez de prendre la tête de la Fédération bancaire française (FBF). Le crédit montre des signes de reprise en Europe et en France, le rebond est-il enfin là ?

En juillet, pour la première fois depuis des années, les encours de crédit ont à nouveau progressé dans l’ensemble de la zone euro et c’est en France que le crédit se porte le mieux, notamment en faveur des entreprises, où il est en hausse de 3,5 % sur un an. Pour les PME, les conditions de financement sont particulièrement favorables. Les banques françaises jouent bien leur rôle. Il faut préserver cette dynamique du financement au service de la croissance et ne pas la casser avec de nouvelles exigences réglementaires mal calibrées. […]


Les grands régulateurs mondiaux paraissent plutôt envisager une pause…

Ce n’ est pas si clair que ça… Nous accumulons les couches réglementaires et l’agenda devant nous est pour le moins chargé. […] Pour ne citer que quelques exemples, […] les travaux du Comité de Bâle sur le risque de taux qui sont un véritable sujet d’ inquiétude. L’enjeu est ici de savoir si nous pourrons conserver notre modèle de crédit immobilier à taux fixe ou si la réglementation nous fera basculer dans un système de taux variable, c’ est-à-dire de faire peser le risque sur le particulier emprunteur.[…]


Malgré les craintes les banques européennes se sont finalement bien adaptées aux nouvelles règles…

[…]Evitons d’affaiblir notre modèle de banque universelle et de nous voir imposer des modes d’organisation inadaptés aux besoins de nos économies. Il en va aussi de la souveraineté financière de l’Europe. Avec le projet européen de réforme structurelle des banques, une question cruciale est posée : voulons-nous que nos banques de financement et d’investissement conservent un rôle en Europe dans les activités de marché ? ou acceptons-nous que l’Etat français ait à se tourner exclusivement vers des banques anglo-saxonnes pour réaliser ses emprunts sur les marchés, ou que les entreprises françaises n’aient plus de partenaires européens pour se financer et se couvrir ?…[…]


Au-delà de la question des fonds propres, les banques doivent affronter le choc numérique craignez-vous les acteurs de la FinTech ?

Le sujet du digital est une de mes priorités à la tête de la FBF. Les banques françaises ont une grande tradition d’innovation. Une des valeurs ajoutées de notre profession, un fondement d’une relation bancaire de confiance et de longue durée, c’est la sécurité. Nous ferons entendre notre voix, notamment pour assurer la protection des données de nos clients, et ainsi continuer à jouer notre rôle de tiers de confiance. […]


La FBF a-t-elle vocation à s’impliquer davantage dans des débats de société ?

Oui, dans le dialogue et la pédagogie. Par exemple, nous menons déjà de nombreuses actions en matière d’éducation financière. A court terme, dans la perspective de la COP21, nous voulons d’abord montrer à quel point les banques françaises sont des acteurs majeurs du financement de la transition énergétique. […]

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