Bilan de la DSP2 : Sécurité, incidence et enjeux à venir – J. Raguénès pour Revue Banque

A l’occasion d’un dossier sur les paiements, Jérôme Raguénès, directeur du département numérique, systèmes et moyens de paiement de la FBF, a dressé le bilan et exposé les enjeux de la directive sur les services de paiement 2 (DSP2).

Cette directive, qui impose aux banques l’ouverture de leurs systèmes d’information à des prestataires de services de paiement, soulève d’importantes questions d’égalité de concurrence et de sécurisation des données. Aussi, à l’heure de débats sur l’ouverture plus large encore du partage de données, il est indispensable de dresser un premier bilan de l’incidence concrète de cette directive et des enjeux à venir.

La mise en place de la DSP2 a nécessité d’énormes investissements pour les banques françaises :

• au niveau de l’IT : elles ont du redimensionner leurs systèmes pour permettre un accès facilité et sécurisé des third party providers (TPP – prestataires de services de paiement) ;
• de la gestion de l’authentification forte et du risque : l’intervention d’un tiers n’empêchant pas la banque d’être en charge du remboursement en cas de fraude ;
• de celle des back-offices : les obligations de supervision se complexifiant et s’alourdissant sans cesse.

Aujourd’hui, la chaîne des paiements est extrêmement sécurisée, et « l’expérience montre que, face au renforcement continu de la sécurité des systèmes, ce sont les pratiques des clients qui sont utilisées par les fraudeurs comme porte d’entrée » explique Jérôme Raguénès. Les banques françaises multiplient les actions de sensibilisation à la fraude auprès de leurs clients, pour protéger chacun.

Dans ce débat, la question du coût est également majeure. Pour répondre aux besoins des clients et innover dans un environnement sécurisé, les banques développent des API (application programming interface – outils informatiques qui permettent d’échanger de manière sécurisée les données bancaires), dont l’utilisation par des acteurs tiers a un coût, lié à la qualité de service et à la sécurité des accès. La DSP2 n’ignorera plus cette question de modèle économique.

« Parce que l’esprit d’innovation se nourrit de l’ouverture, et qu’il prospère dans la sécurité qui a une forte valeur pour les clients, les banques françaises sont résolument engagées dans une démarche de coopération avec de multiples acteurs », qui ne doit cependant pas faire oublier les enjeux liés à l’ouverture de l’accès aux données : la souveraineté du système européen des paiements et leur sécurité, ainsi que celle des clients.

« Les banques préservent les intérêts de leurs clients, leur fournissent les produits et les services dont ils ont besoin et l’action reconnue de la profession bancaire dans la gestion de la crise sanitaire conforte ce constat. Il importe de s’en souvenir, et de s’en nourrir pour une innovation en toute confiance ! » conclut Jérôme Raguénès.

Tirons le bilan de DSP2 pour avancer.