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TRIBUNE : Banquiers et banquières mobilisés au service des entreprises et des Français – Frédéric Oudéa, Président de la Fédération bancaire française

Frédéric Oudéa

Alors que la France a ouvert une nouvelle étape dans la lutte contre l’épidémie du Coronavirus, celle du déconfinement responsable où nous devrons concilier, pour un certain temps encore, mesures sanitaires pour faire barrière au virus et reprise de l’activité économique pour faire revivre tous nos commerces et petites et grandes entreprises, les 362 800 banquiers et banquières que compte la France sont et vont rester pleinement mobilisés au service de nos concitoyens et de l’économie française.

Depuis le début de la crise, parmi les professions vitales et essentielles au fonctionnement de notre pays, les collaboratrices et collaborateurs des banques ont été au rendez-vous de cette urgence sanitaire et économique. Engagés pour accompagner celles et ceux qui sont touchés par cette crise sans précédent, ils ont été d’emblée pleinement conscients et à la hauteur de leurs responsabilités. En écho aux remerciements du gouvernement, portés par le ministre de l’Economie et des Finances il y a quelques semaines, je veux aussi leur rendre hommage pour leur formidable mobilisation dans ces circonstances exceptionnelles.

Depuis mi-mars, notre secteur a fait bien plus que d’assurer la continuité des services bancaires, en adaptant du jour au lendemain les dispositifs humains et digitaux pour garantir la sécurité des équipes et des clients. Il s’est attelé à trouver les solutions pour permettre à nos clients particuliers, professionnels, mais aussi à leurs fournisseurs et partenaires, de passer ce cap difficile.

Les banques se sont engagées par exemple à mettre en place un moratoire pour les crédits des professionnels. Ce moratoire, sans frais additionnel, a été appliqué de façon quasi automatique et représente près de 20 milliards d’euros. Puis, en quelques jours à peine, les banques ont relevé le défi de former massivement leurs conseillers pour déployer le nouveau dispositif des prêts garantis par l’Etat (PGE), conçu avec le gouvernement et la BPI, et destiné à soulager la trésorerie des entreprises et des professionnels subissant l’arrêt brutal de leurs activités. En agence, dans les centres d’appel ou de traitement, dans les sièges ou souvent aussi depuis leurs domiciles, les équipes se sont démenées pour proposer ce prêt à prix coûtant de façon responsable en s’appuyant sur leurs expertises et des procédures simplifiées. En 7 semaines seulement, le cap des 100 milliards vient d’être franchi avec plus de 500 000 demandes d’entreprises. C’est considérable ! Cela représente en quelques semaines le travail de plus d’une année de production de crédits. Rien n’est plus gratifiant que de recevoir les témoignages de reconnaissance des chefs d’entreprise.

Si le taux d’acceptation des demandes est de 97,5%, nous savons aussi que certaines entreprises ne sont pas éligibles au PGE, et il faut bien sûr les prendre en compte, examiner attentivement leur situation et envisager d’autres dispositifs qui seront plus adaptés, en mobilisant la médiation du crédit et des aides comme le recours au fonds de solidarité.

Dès lors que nous pouvons améliorer des choses, nous le faisons, seuls, collectivement ou en concertation avec tous nos interlocuteurs. Face aux difficultés du secteur du tourisme particulièrement touché, nous nous joignons au plan Tourisme, avec des mesures de moratoires plus longs (jusqu’à 12 mois) et un « PGE saison  » aménagé.

Nous accompagnons bien sûr également nos clients particuliers, notamment en matière de conseil en épargne ou bien sûr s’ils sont en situation plus fragile à cause de la crise. Et puis grâce à un travail commun entre les banques et le Groupement des cartes bancaires, le paiement sans contact a été rendu possible jusqu’à 50€ depuis le 11 mai dans un environnement sécurisé.

Au total, au-delà du déploiement de toutes les mesures collectives, nous regardons la situation de chacun de nos clients particuliers et professionnels au cas par cas comme nous l’avons toujours fait, en partenaire de proximité.

Cette mobilisation exceptionnelle au service des clients s’inscrit également dans une démarche socialement responsable. Le dialogue social a été particulièrement actif dans les différentes branches du secteur bancaire. Les banques ont développé le plus largement possible le télétravail et l’accès aux agences et aux services est assuré avec un souci de sécurité réciproque du personnel et des clients. Pour toutes les banques qui s’y sont engagées, l’emploi et les salaires sont garantis tout en évitant de solliciter les aides de l’Etat relatives au chômage partiel pour éviter de peser sur les comptes publics sur cette période.

Les banques françaises sont entrées dans cette crise beaucoup plus solides qu’il y a dix ans. Pour permettre de mobiliser toutes les ressources face aux besoins dont l’ampleur est encore incertaine, les versements des dividendes ont été suspendus, comme l’a recommandé le superviseur, impliquant une mise à contribution de nos actionnaires.

Les crises sont souvent révélatrices des forces et faiblesses de toute institution et testent la capacité de cohésion et d’unité. N’est-on jamais autant lié que dans l’adversité, pour faire face à une menace qui touche tous, individuellement et collectivement ? En assurant la continuité d’activité nécessaire au fonctionnement vital du pays, en aidant à absorber les chocs et participant activement au rebond de l’économie, les banques auront démontré l’utilité profonde de leur mission au service de la société. Les banques font preuve aujourd’hui d’un sens aigu des responsabilités et d’un esprit d’engagement et de solidarité. Et elles vont continuer à se mobiliser, que ce soit dans la phase d’urgence comme dans la période de reprise que nous espérons tous la plus vigoureuse possible. C’est en faisant bloc que nous réussirons à surmonter cette crise inédite et à construire ensemble un monde plus résilient et plus durable pour tous.

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